Tentative de conversion en mosquee ?







Tentative de conversion en mosquee ?
Le voyage prend maıntenant pour moi une autre forme que je connais encore tres-trop mal. L'autostop. Le plus dur dans cette tres aleatoire discipline est... de commencer. De lever son premier pouce de la journee. La sortie de Sofia ne fut pas une joie. Apres une bonne dizaine de kilometres de peripherique et d'autoroute a pieds (inutile d'essayer le stop en ville, il faut se placer dans la bonne direction au minimum), le courage, ou le desespoir, je ne sais plus trop bien, me decident donc a tenter l'aventure, ce qui me vaudra finalement un certain nombre de rencontres tres differentes, des invitations a dejeuner, ou a boire une biere, voire a aller regarder, sceptique maıs amuse, mon conducteur realiser trois sauts d'affilee a l'elastique pour la sımple et bonne raison que “my drug is adrenalin”.
Vladimir n'a pas froid aux yeux:... je ne sais pas si je pourrais!
Se retrouver seul est est parfois agreable mais on perd la possibilite de partager ses impressions lorsqu'on aborde une montee ou un passage plus delicat. Ou meme tout simplement la simple envie bavarder. Et puis il faut reconnaitre que le rayon d'action d'un homme a pieds avec un gros sac est assez limite!! L'angoisse matinale quotidienne de ne pas avancer aujourd'hui ne disparait que le soir quand on regarde enfın la carte avec satisfaction. Et le plaisir de voir les kilometres defiler a toute allure ne remplace pas le velo mais est tout de meme agreable, surtout en montee!
Des montagnes... enfin! Un terrain de jeux potentiel!?
Bref, mon objectif initial etait de m'orienter vers la cote Bulgare et de tenter d'aller vers Varna et plus au sud avant de redescendre vers la frontiere. La realite me rattrappe des la premiere journee, puisque je ne reussis pas a faire plus d'une centaine de kilometres dont une bonne quinzaine de marche. Un faux espoir aussi, le camionneur “habitait” Varna mais n'allait qu'a 3km, j'avais compris le contraire et me voyais deja a l'autre bout de la Bulgarie en une nuit...
Top camionneur!
Le destin, s'il en est un (et plutot pas que si dans mes rencontres Providentielles je dois dire), en decide donc autrement, c'est ainsi que je me retrouve a Plovdiv, en train de chercher un kebab pour nourrir mon pauvre estomac eternellement insatısfait (c'est enervant d'ailleurs, et tous les jours il en redemande le bougre!). J'entends alors “Hey lad, where're you from?” “France!” “Oh! And where'you goin'? “
Marc-Anthony, merci pour les spaghettis!
C'est ainsi que s'ouvre la porte de Marc-Anthony, Californien d'origine, cuisinier, commercial, baroudeur, Don Juan et bien d'autres choses; accompagnee d'un diner home made par ses soins et de vin Bulgare, voıla un original qui aime profiter de la vie et la prendre comme elle vient. A 23 ans il traversait les USA a moto facon Harley avec un ami et se retrouvait qq mois plus tard, rase de pres et toque bien vissee sur une tete bien faite, sous chef d'un restaurant cinq etoiles en Arizona sous les ordres d'un grand chef Francais...
Ses errances en Europe l'amenerent ensuite a atterrir en Bulgarie ou il promeut a present le vin Bulgare en parallele a de nombreux autres projets de developpement...
Un accueil formidable, simple et sans detours mais neammoins tres genereux, et ce dans une petite ville charmante et animee, a taille humaine, ou il semble qu'il fait bon vivre.
Ca c'est de la voiture, Crenom!
Apres le passage a pieds de la frontiere Turque, sous un soleil de plomb et le long d'un embouteillage de 5km de camions, la route d'Edirne (ou je retrouve Florent a midi)jusqu'a Istanbul est un echec pour l'apprenti-autostoppeur, mais le reseau de transports locaux est heureusement bien fait. Florent n'a pas eu cette chance et a pu constater que les grandes villes ne sont pas faites pour les cyclistes, du moins quand on arrive d'ailleurs, et encore moins pour les pietons!
Retrouvailles et traversee du Bosphore en bateau!
A noter tout de meme l'accueıl exceptionnel Turc dont la reputation n'est plus a faire: apres un cafe et qq thes bien sucres pris avec des journalistes rencontres par le biais d'un avocat, lui-meme rencontre dans un restaurant a midi (etc etc etc!), nous discutons de la situation geopolitique de la Turquie autour d'un burek local avec d'autres collegues journalistes qui me proposent ensuite de m'avancer en voiture... presque trop facile!
Suite a une consultation medicale a Sofia, il s'est avere que Pierre ne pouvait continuer a pedaler sans continuer a abimer son genou. İl troque donc ses belles sacoches et son velo pour un sac a dos de montagne et continue en stop par etapes au gre de la bonne volonte des automobilistes, en s'ımposant tout de meme des rendez vous tous 5 jours environ.
Cette situation a pousse le groupe a remettre en question les fondamentaux du voyage. Nous avons fait le constat que nous n'etions pas parvenus a construire ensemble une reelle amitie a trois.
Le depart de Sofia est assez difficile : me voila seul (excepte Bucephale bien sur) face a l´etape quotidienne. Heureusement sortir d´une grande ville en velo est un exercice qui requiert une attention permanente et je resterais ensuite focaliser sur ma route. Il m´aura fallut quelques jours avant de m´habituer a pedaler seul. Si l´apprentissage est un peu rude, il ouvre des perspectives interessantes, etant beaucoup plus libre de mes mouvements, et beaucoup plus disponible a la rencontre des autres. Mon premier jour se passe a faire des kilometres et de la montee dans un paysage de montagnes... splendide mais epuisant pour mes petits mollets !
La suite de mon experience bulgare se resume en traversee de villages plus ou moins traditionnels, de visite de monasteres, de squat dans des eglises... la routine somme toute !
Je fini par quitter mes sympathiques compagnons avec la Bulgarie en passant par la Grece pour entrer en Turquie. La frontiere entre la Grece et la Turquie est toujours tres militarisee des deux cotes. Je crois que les opposants a l´entree de la Turquie en Europe ont la de bons allies.
Enfin en Turquie ! On ne s´y trompe pas : nouvel alphabet, des minarets remplacent les clochers, des petites ville de 100 000 habitants, une agriculture plus pauvre qu´en Bulgarie (ah la PAC) et des bases militaires regulieres (avec une tres forte concentration a Istanbul je dois avouer).
Retouvailles avec Pierre a Edirne, porte de la Turquie ! Apres une rapide visite de la mosquee et de la ville d´Edirne nous nous reseparons en se promettant de passer quelques jours ensemble a Istanbul, 400km plus loin. Edirne est notre premiere vılle orientale : les magasins de Kebap pullulent, la circulation se fait plus dense et plus sportive ! Ce sont egalement nos premiers vestiges de l´empire ottoman avec des mosquees, des ponts et autres fontaines typiquements ottomanes.
Pour ne pas trop changer des trois derniers jours, le vent me sera contraire jusqu´a Istanbul. Au final se sont les 400km les plus difficiles du voyage entre le vent, les camions turcs qui ne savent pas se deporter pour vous doubler et le relief irregulier.
Heureusement le legendaire accueil turc compense largment ses deboires. Pour trouver un logement rien de plus facile : arribez dans un village en velo, arretez vous sur la place centrale (quand on ne vous demande pas de vous arreter), laissez vous ınvıter pour un premier the (ou jus d´orange selon les gouts), explıquez votre requete et profıtez de la fin de l´apres midi jusqu´a ce qu´une personne vous propose d´apporter vos affaires la ou vous logerez. Pour le diner, pas de probleme, un paın, des olives et du fromages sortiront bien de quelque partpour atterrir devant vous au moment opportun. La culture de l´accueıl est ımpressionnante chez les turcs. L´invite est roi, aucuns probleme ne doivent l´importuner (il est peine perdu d´essayer de payer a votre tour un the a votre hote ou de payer un repas). Voila un peuple qui nous en remontre de beaucoup en matiere d´accueil de l´etranger et d´attention aux autres !
L´arrivee dans Istanbul releve du veritable defi pour le cycliste ne souhaitant pas emprunter l´autoroute. Apres 20km sur une voie rapide a 100km d´Istanbul je tente une echapee vers un petit village jouxtant ladıte voie rapide. Tout cela pour me faire indiquer la voie rapide que je viens de quitter et qui differe de l´autoroute par son absence de peage et de bande d´arret d´urgence sur laquelle je pourrais rouler. Apres quelques km de fosse, je retente ma chance. Encore une fois les turcs ne comprennent pas mon desir d´esquiver la voie rapide... Au prix de nombreux tours et detours je finis par prendre des routes paralleles a la voie rapıde en recuperant cette derniere de temps a autres. C´est finalement un grand soulagement que de franchir les murailles teodosiennes... aujourd´hui bien poreuses mais qui conservent leur lustre d´antan. Je longe ensuite l´ensemble des monuments qui ont faits la gloire de cette ville : Sainte Sophie, TopKapi, la mosquee Bleue et me regalant d´avance de nos visites a venir. Les retrouvailles avec Pierre donnent lieu a une debauche de chocolat et baklava fortement apprecie avant de nous diriger vers l´Asie pour notre nuit au college franco-turc de saınt Joseph !
Avouez que celle-ci est pas mal non ?!
Cette premiere journee de traversee de Serbie restera tres penible...
Anne-Laure et le Danube, une longue histoire avec des hauts et des bas !
heureusement nous arrivons a un couvent orthodoxe juste avant une belle averse. Tres charitablement ces petites soeurs nous offrent une collation de pain, fromage et oeufs durs (pour changer).
Cette famille semblait si accueillante !!
Pierre et Anne-Laure partis chercher de l'eau et un logement rentre dansune ferme et me rappellent illico : nous voici convies au cafe. Forcement, celui-ci s'accompagne d'alcool de prune local. De fil en aiguille nous voila entrai n de gouter les differents alcools maisons, de manger des oeufs durs (cacha nge de l'ordinaire, rassurez-vous, une semaine apres Paques il nen' reste plus que 3 dans notre boite a oeufs). La conversation est vite tres vivante (avec des talents interpretatoires grandissants avec les verres de prunesnos hotes ne parlant que le serbo-croate). Pierre dessine plusieurs membres de la famille, le grand pere trinque sans cesse avec nous, le perenou s parle de ses jumeaux et de son travail de postier.... tout cela pour finir dehors a 20h30, sans logement, sous la pluie... Soiree d'anthologie commencee sous les meilleurs hospices et terminee sous une tente mal plantee sur une sortie de garage d'une maison abandonnee.
Les deux jours suivants sont marques par une tres legere montee mais surtout par un accueil extraordinaire chez des moines orthodoxes (qui resteront bien mysterieux sur leur age et passe, interdit d'en parler ainsi que de prendre des photos).
Ah, les retrouvailles avec la montagne !
La discussion avec les freres nous montre l'ampleur de la difficulte de la pratique sous les ottomans puis sous le communisme. Par ailleurs nous sommes consideres comme anatheme par eux pour a voir modifies le credo il y a 1600 ans de cela (pour ceux qui suivent l'Esprit Saint ne procede que du Pere chez eux). Nous en profitons pour visiter une chapelle du 12eme non decouverte par les ottomans (qui ont detruits toutes les eglises croisees).
Fresques sur mesures svp !
Un lieu ideal pour une vie de recueillement... une ressemblance avec la Grande Chartreuse ?
Nous repartons pour la Bulgarie les sacoches pleines de victuailles (des oeufs durs peints, du fromage, du pain, des fruits...).